Traduite en anglais, en néerlandais, en allemand, en italien, en japonais et en croate, et régulièrement rééditée, l'Histoire de l’Europe est un classique de l’histoire intellectuelle du XXe siècle. Lire la suite
Le 18 mars 1916, Henri Pirenne et son collègue Paul Fredericq sont arrêtés et déportés en Allemagne, parce que tous deux incarnent, aux yeux de l'Occupant, la résistance des universitaires gantois à la réouverture de leur Alma Mater. Incarcéré dans des camps de prisonniers militaires et civils, puis assigné à résidence dans la ville universitaire d’Iéna, l’historien belge est finalement relégué à Creuzburg, une bourgade rurale de la Thuringe. Il y passe presque deux ans, du 29 janvier 1917 jusqu’à l’Armistice. Afin de résister intellectuellement et moralement à un isolement difficile à supporter, Henri Pirenne se lance, du 31 janvier 1917 au 7 août 1918, dans l’écriture de l’esquisse d’une histoire de l’Europe. Interrompu en pleine histoire de la Renaissance par l’arrivée à Creuzburg de sa femme et de son plus jeune fils, l’historien abandonne son manuscrit, qui sera publié à titre posthume, en 1936, par son fils Jacques. Accueillie comme un véritable tour de force intellectuel, parce que rédigée avec l’aide d’un « simple manuel scolaire », l’Histoire de l’Europe connaît un immense retentissement dans le contexte d’inquiétude et d’incertitude suscité par les succès des régimes totalitaires, ainsi que par l’exacerbation des tensions internationales qui précède immédiatement la deuxième guerre mondiale.
L’œuvre présentée ici méritait une triple révision scientifique. Il convenait en effet (1) de la restituer en tant qu’exercice de résistance quotidienne, mais aussi d’analyse de la diversité des parcours historiques des nations européennes – parcours qui avaient abouti à la guerre ; (2) d’éclairer ses conditions de production scientifique ; et (3) d’en restaurer le texte inachevé et inabouti, qui avait pâti de nombreuses coupes et révisions, ainsi que de l’accumulation, lors de son édition, d’une multitude d’erreurs factuelles concernant tant les événements et les personnages historiques, que les localisations et les datations.
Cette nouvelle édition inclut plus de soixante pages restées inédites, rétablit le texte des carnets de captivité et y ajoute des informations factuelles dont l’auteur ne disposait pas lors de sa rédaction. Elle est complétée par la réédition des Souvenirs de captivité en Allemagne (mars 1916-novembre 1918), publiés par Henri Pirenne en 1920, qui restitue le climat et les conditions d’existence du savant durant sa déportation en Allemagne.
Introduction. Collaborations entre intellectuel·les queer 1880-1920 (Michael Rosenfeld)
Partie I – Collaborations littéraires
Une écriture en partage ? Sur quelques renvois textuels entre Renée Vivien et Natalie Barney (Camille Islert)
André Gide et le « franc camarade ». Sur la relation entre André Gide et Henri Ghéon (Jean-Christophe Corrado)
« Faisons l'amour en sourdine ». La poétique clandestine du désir amoureux dans la correspondance de Liane de Pougy et Natalie Clifford Barney de 1899 à 1905 (Lucie Nizard)
Partie II – Sociabilités queer
Colette et Missy, un couple au sein du premier réseau queer (Nicole G. Albert)
Sociabilités homosexuelles et photographiques à l'ère de la reproductibilité technique. Illustrations littéraires dans L'Élu (1902) d'Achille Essebac (Nicolas Duriau)
Natalie Barney's Salon. A Crucible for Sapphic Sisterhoods and Creative Networks (Lowry Martin)
Partie III – Constitution de réseaux queer internationaux
L'émancipation de Colette Willy vue par Antonio de Hoyos y Vinent (Flavie Fouchard et Esperanza Torres Hernández)
Les réseaux queer d'Akademos. Absences et présences (Michael Rosenfeld)
Transferts culturels franco-allemands dans les revues homosexuelles Der Eigene et Akademos (1896-1909) (David Weber)
Sources
Un témoignage inédit des milieux intellectuels queer parisiens en 1888. Le journal intime de Sigismond Justh (Alain Servantie)
Un Jour dans l'Histoire